Depuis son chef d'oeuvre Illinois en 2005 (réécoutez le sublissime Chicago par exemple qui devrait illuminer de suite votre journée), Sufjan Stevens s'est installé au banquet des grands songwriters américains de la décennie. Certes, à part un album reprenant les chutes de studio d'Illinois (Avalanche), un album de chanson de Noel, une BO assez électronique, Sufjan Stevens s'est montré assez avare en plaisirs auditifs ces cinq dernières années et l'on se sent presque déçu de voir qu'il a abandonné le projet pharaonesque et irréalisable de faire un album par Etat américain. Un EP All Delighted People, sorti il y a quelques mois, annonçait le grand retour aux affaires et c'est avec impatience que l'on va écouter cet album pour voir s'il confirme le talent entraperçu jusqu'alors.
1.Futile Devices nous paraît d'emblée familière, on se trouve en terrain connu. 2 minutes d'un plaisir simple, la voix de Sufjan s'accompagnant de sa guitare, le piano venant en cours accentuer la douceur du morceau. Finalement la véritable révolution en germe au sein de cet opus apparaît avec 2.Too much où l'on s'aperçoit que Sufjan Stevens a délaissé son banjo pour venir bidouiller les sonorités électroniques et s'adonner aux plaisirs de l'auto-tune. Une introduction expérimentale surprenante à base de sons aquatiques dignes d'Amon Tobin et de drums à la Animal Collective , en quelques secondes le ciel s'est assombri. Le retour d'acide est cependant vite annihilé quand la voix limpide de Sufjan Stevens vient reprendre le pouvoir. Too Much est un des morceaux les plus aboutis de l'album, par sa richesse instrumentale où les violons tentent de contrecarrer l'avancée impérieuse des drums. 3.Age of Adz, le titre éponyme de l'album, vient confirmer une des facettes principales de l'artiste, cette capacité à créer une pop orchestrale talentueuse. Certes celle-ci peut se montrer quelquefois exagérément grandiloquente (la première minute du morceau) mais les mélodies sont superbes et l'utilisation des choeurs et cuivres fort judicieuse.
4.I walked vient par la suite prendre modestement sa place au sein des pépites de l'album. Une belle mélodie pop-folk dans la droite lignée de la mélodie de Chicago et la voix de Sufjan qui se pose dessus tout en sobriété, ce qui contraste joliment avec la grandiloquence assumée du morceau précédent. Une douceur qui se retrouvera dans 5.Now that I'm older qui séduit principalement par ses choeurs féminins. 6.Get real get right est sûrement un des morceaux qui allie le mieux toutes les influences de Sufjan Stevens: auto-tune au début, les cuivres et les choeurs. L'ensemble est finement produit, à l'image de l'album.
Que dire de la suite, car il ne faut point trop en dire tout de même. 8.Vesuvius s'impose comme mon titre préféré de l'album, la force des choeurs s'alliant à merveille à une instrumentation plus originale à base de sonorités sud-américaines. J'apprécie aussi tout particulièrement la rythmique plus rapide de 10.I want to be well, titre orchestral qui monte inexorablement en puissance. Enfin, 11.Impossible soul, morceau inclassable de 25 minutes qui relègue loin derrière le Sibérian Breaks du dernier MGMT et ses 12 minutes, clot l'album de manière plus surprenante. Comme tout morceau particulièrement hétérogène je ne suis pas séduit par toutes les facettes du titre.
On pourra toujours discuter le fait que Sufjan Stevens se soit laissé séduire par les sonorités électroniques et ait quelque peu perdu de son atmosphère intimiste mais le résultat reste tout simplement brillant. Un des meilleurs albums de cette année 2010.
Sylphe
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