vendredi 28 janvier 2011

Native Speaker de Braids (2011)

Il aura fallu attendre presque un mois pour parler du premier album de 2011 mais les dernières sorties ( Fujiya et Miyagi, Wire, Magnetic Man et Braids) ont définitivement lancé cette nouvelle année musicale que l'on va dévorer avec voracité. Pour combler notre faim incommensurable, je vous propose pour vous ouvrir l'appétit tout en délicatesse de déguster une petite douceur canadienne venant de Montreal (même si les bougres sont avant tout originaires de Calgary), en la personne de Braids, quatuor mené par la sublime chanteuse Raphaelle Standell-Preston.
    Un premier album signé sur le label Kanine Records (Grizzly Bear entre autres, rien que ça) pour un groupe s'étant déjà révélé sur scène en première partie de Deerhunter. Maintenant que les présentations sont faites, qu'en est-il de ce premier opus composé de 7 morceaux à géométrie variable qui se construisent dans la variation et la longueur (4 à 8 minutes)? La réponse qui me paraît la plus évidente serait un cocktail mélangeant ambient et dream-pop.
   1.Lemonade débute sur quelques bruits d'oiseaux au milieu des étangs, les synthés (qui sonnent Animal Collective) venant prolonger l'atmosphère aquatique. Quelques drums en fond, des choeurs mystiques mais surtout l'essentiel avec la voix de Raphaelle qui n'est pas sans me rappeler celle d'Irène d'Arcade Fire. Du coup, on ne peut éviter le spectre d'Arcade Fire de rôder en arrière-plan de ce très beau premier morceau et de danser sur des sonorités dignes de Vampire Weekend. 2.Plath Heart  confirme que le succès de ce premier opus doit beaucoup à la richesse du chant de Raphaelle, qui sait se faire ici plus pop et évoquer Regina Spektor. 3.Glass Deers et ses 8 minutes envoûtantes dévoile une autre facette des canadiens, cette capacité à partir de quelques sonorités simples à créer une douce rêverie aux confins de l'ambient. 4.Native Speaker, le titre éponyme de l'opus, part sur les mêmes bases avant qu'un univers psychédélique et chamanique se mette en place, la voix protéiforme de Raphaelle rendant hommage à Karin Dreijer. On a clairement quitté les plaines lumineuses pour explorer les méandres obscurs de la forêt, la forêt de Miyazaki dans Princesse Mononoke, source de mystère et d'évasion quasi-mystique. 5. Lammicken confirme de manière encore plus abrupte cet obscurcissement passager. Les drones dictent le rythme martialement et le climat se fait plus inquiétant, Fever Ray et les démons nordiques ne demandent qu'à sortir de leurs sombres repaires. 6.Same Mum vient mettre fin à ce climat en proposant un morceau plus pop, la voix de Raphaelle étant assez similaire à celle de 1.Lemonade. L'album se clot enfin sur un morceau instrumental, 7. Little Hand, joli jeu de boucles sonores.
    Ce premier opus de Braids est une véritable petite mine d'or, qui s'enrichit à chaque nouvelle écoute et je ne pense pas avoir encore fini d'explorer toutes ses saveurs. Cet album ouvre en tout cas la porte à un bien bel avenir et on surveillera avec attention la suite des aventures de nos canadiens.

 





Sylphe

mercredi 26 janvier 2011

Clip n°22: Filles et Garçons : le Dilemme de Panache

     Enfin une semaine comme je les aime et j'espère que ce n'est qu'un début !! J'aurai pu vous parler du dernier She and Him : frais, coloré et tellement rétro. Ou bien vous présenter le nouveau clip du groupe français Concorde réalisé par l'artiste Akroe. Mais mon choix s'est arrêté sur une première.

     Premier vidéoclip, en effet, pour le groupe français Panache réalisé par David Valiquette. Dans Filles et garçons : un dilemme on retrouve une très jolie fille et 2 garçons, les 2 membres du groupe, dans un superbe univers tout en carton. La fille est une vraie groupie, peut-être un peu trop rock'n'roll pour son copain. N'en déplaise à d'autres...

     Un moment très agréable pour nos yeux, malheureusement un peu moins pour nos oreilles, mais peu importe.



Emma

vendredi 21 janvier 2011

Drop a Three de Fumuj (2010)

  Il est des groupes que l'on perd de vue pendant quelques années et que l'on ne reconnaît tout simplement plus quand nos oreilles viennent prendre de leurs nouvelles, c'est le cas de Fumuj, combo issu de Tours articulé autour du chanteur MC Miscellaneous. Je les avais quittés après leur premier opus Monstrueuse Normalité en 2005, opus faisant honneur à une électro planante nourrie aux sources d'un trip-hop légèrement désuet. Le genre de petite pépite auditive sans prétention qui charme doucement. Après avoir involontairement snobbé The Robot and the chinese shrimp en 2008 -que j'ai choisi de ne pas écouter pour rédiger cette chronique-, je me retrouve face à ce troisième opus au son à dix mille lieues de celui de Monstrueuse Normalité.
     Il est des groupes qui savent faire littéralement évoluer leur son sans perdre en qualités et qui, au contraire, resplendissent par leur trop-plein artistique qui les empêche de végéter et d'enchaîner des albums formatés, c'est aussi le cas de Fumuj. Ce Drop a three est une vraie petite bombe composée de 13 titres aussi intenses que percutants qui, placé sous des influences prestigieuses évidentes ( Rage  against the machine, Nine inch Nails, Prodigy, Asian Dub Fondation, Ez3kiel), se présente comme le choc d'une rencontre entre trois bolides lancés à toute vitesse, le rock, le hip-hop et l'électro. Attachez vos ceintures pour cette course nocturne qui vous rappelera les sensations ressenties à l'écoute d'un Birdy Nam Nam.
    Les grosses guitares et les basses de 2.Hold permettent de démarrer sur les chapeaux de roues. Le son typiquement indus qui évoque sans conteste les voisins d'Ez3kiel enveloppe magistralement le phrasé hip-hop de MC Miscellaneous qui a considérablement progressé dans son chant, le chant dès lors devenant véritablement un des éléments primordiaux du succès des Tourangeaux. 3.Supersperm garde globalement la même recette avec le même succès, même si le hip-hop prend davantage le dessus sur l'univers électro. Un flow assourdissant tout comme le flow de Damny de La Phaze, guest de choc dans 4.Liar, morceau au refrain incisif. On sent que la cylindrée est puissante, un léger virage avec le flow ragga de 5.React fait légèrement baisser la vitesse avant que le compte-tours s'affole définitivement avec la débauche de violence sonore de 7.Play or die. Un son très lourd et saturé à la Prodigy qui confirme que Fumuj a bien choisi de jouer jusqu'à la mort...
     8.Release the beast s'impose dans la foulée comme le titre à mon sens le plus riche de l'album. Savoureux cocktail entre le hip-hop (un phrasé qui évoque sur certaines intonations Eminem!), le rock déjanté et une richesse instrumentale  étonnante (la présence surprenante d'une trompette au milieu de ces guitares), ce titre est à savourer sans modération.  De même que 10.Soul Cling, plus électro et plus bruitiste qui s'il rappelle Ez3kiel me paraît être aussi le lien le plus visible avec Monstrueuse Normalité. Pour en finir avec ce très bon album, je garderai en tête la débauche d'énergie de 12.Against, morceau plus électro-techno qui m'a rappelé la rage d'Asian Dub Fondation. Vous pouvez désormais détacher vos ceintures, détendez-vous et fermez les yeux, les lumières de la ville ne devraient pas vous quitter de sitôt.
 
PS: A noter la belle initiative de Fumuj qui pour cet album a créé un live destiné aux sourds et mal-entendants.
 
 
 


FUMUJ - PLAY OR DIE
envoyé par surr3nder. - Regardez la dernière sélection musicale.


Pas forcément le titre le plus représentatif de l'album, mais les vidéos de Fumuj ne sont pas légion sur le net donc je vous conseille de ne pas juste vous fier à ce titre ;)

Sylphe

mercredi 19 janvier 2011

Clip(s) n°21: Sleepwalking de EIMIC et Stay The Same de The Shoes

     Ce n'est pas encore cette semaine que je vous présenterai un clip pour lequel j'ai un réel coup de coeur. Celui qui, dès qu'on le visionne écarte tous les autres et donne immédiatement l'envie d'en parler. Au terme d'une semaine de recherche, encore difficile pour moi de choisir, alors je vous laisse le faire à ma place entre ces deux-là :
- Stay the same illustrant le nouveau single du groupe The Shoes, réalisé par Daniel Wolfe ayant déjà travaillé notamment pour Goldfrapp ou Bat For Lashes. Clip dans lequel nous assistons à l'errance d'un homme torturé et désabusé. Une vidéo captivante, à la hauteur de la folie émanant des deux seuls personnages que nous y croisons.


Sleepwalking de EIMIC. Un clip très différent du premier, sans aucun mystère, juste très bien réalisé. L'idée est assez simple mais le résultat est amusant et réussi. Il fallait y penser !


Emma

samedi 15 janvier 2011

Innerspeaker de Tame Impala (2010)

  Je me propose aujourd'hui, en attendant de découvrir les premiers bons albums de 2011, de vous donner la recette magique d'un album réussi. Pour ce faire, j'ai choisi le premier album des australiens (tout le monde aura bien sûr ravivé ses souvenirs de zoologie et aura rapproché l'impala de l'antilope) de Tame Impala qui fait suite à un EP sorti en 2008. Allons-y pour cette recette psychédélique, il faut donc:
1/ Un trio de jeunes gens vraisemblablement experts en produits hallucinogènes, à savoir Kévin Parker (chant et guitare), Dominic Simper ( basse) et Jay Watson (batterie, chant).
2/Un producteur-remixeur qui a le pouvoir de créer de superbes cathédrales sonores et de transformer tout son quelconque en pépite sonore en la personne de Dave Fridmann.
3/ Un roi des machines qui a oeuvré pour un groupe d'anthologie, Death in Vegas, dont on attend impatiemment des nouvelles depuis 2004, à savoir Tim Holmes
4/ Une volonté perpétuelle de bidouiller le son, d'utiliser de la réverb pour donner un côté atmosphérique à l'ensemble comme dans l'excellent titre d'ouverture 1.It is not meant to be, créature hybride née de l'union entre Death in Vegas et Animal Collective ou encore le très bon 3.Alter ego.
5/Un souffle psychédélique qui parcourt l'album, qui ne tombe jamais dans le passéisme malgré les influences évidentes. Voir le bijou 10.The bold arrow time.
6/Une guitare et une batterie particulièrement percutantes qui donnent un côté plus noise à certains morceaux comme 2.Desire be desire go qui évoque sur la fin Archive.
7/Des morceaux instrumentaux qui montent en puissance et qui évoquent les architectures sonores de Mogwai ou Battles, avec 7.Island walking.
8/ Des solos de guitare surprenants digne d'un Hendrix assagi, avec 9.Expectation.
 
    Voilà en tout cas un bien bel album, découvert un peu en retard mais qui aurait largement pu avoir sa place dans le top de 2010.




Sylphe

mercredi 12 janvier 2011

Clip n°20: You Can Dance de Chilly Gonzales

     Début d'année tout aussi calme et infructueux concernant les clips. Alors, en attendant mieux (soyons patients), voici la vidéo qui a retenu mon attention cette semaine; comme beaucoup d'autres internautes d'ailleurs (environ 150 000 vues en seulement 5 jours !) : You Can Dance de l'original artiste canadien Chilly Gonzales.

     Réalisé par Jonathan Barré, le clip est une succesion de fesses, de seins, de hanches et autres atouts féminins se dandinant sur la musique; le tout ponctué par quelques gifles données à Gonzales en personne, une bouche peinte en rouge et une main qui s'improvise marionnette. A partir de cela, deux réactions possibles :

- le point de vue masculin : "wouah, humm, jolie, joliiiis, pas mal du tout, elles sont vraiment toutes bonnes...danseuses ! Déjà fini?!"

- le point de vue féminin : "mouais, les rayures ça grossit, son pantalon est vraiment moche, à votre avis pourquoi on ne voit pas leur visage? Moi aussi, j'peux l'faire ça ! Sans soutien-gorge c'est vulgaire, bon ok ceux-là j'veux bien les mêmes... Un peu long comme clip quand même, non?"

     Allez j'avoue : sexy, entraînant, efficace. Il attire et retient notre attention et c'est déjà très bien !!



Emma

samedi 8 janvier 2011

Da Brasilians de Da Brasilians (2010)

Heureusement que les tops de fin d'année nous ont permis d'aller écouter ou réécouter les grands albums de 2010 car ce début d'année 2011 est singulièrement insipide. Les artistes préfèrent volontiers digérer tranquillement leurs chocolats plutôt que lancer leurs albums face à une critique coincée entre souvenirs d'excès alimentaires, peur de subir les futurs grands froids et angoisses de ne pouvoir tenir les illusoires résolutions de nouvelle année ... Bref en ce début d'année rien de convaincant n'est sorti donc on se console en attendant des  jours meilleurs avec un album de petits frenchies bien de chez nous, des normands pur beurre venus de Saint-Lô, à savoir Da Brasilians. Un titre de groupe plutôt piégeux car il ne faut pas espérer un petit air de samba, Da Brasilians oeuvre davantage sur le terrain de la pop-folk lumineuse et ensoleillée. Le genre de palliatif parfait pour les longues soirées d'hiver. Et puis bon, pour une fois qu'un bon groupe français ne vient ni de Versailles, ni de Reims, il faut sauter sur l'occasion.
      1.Shadows dresse d'entrée le décor. Une rythmique lente et empreinte de douceur portée par quelques accords de guitare, la voix tout en sobriété du chanteur que viennent appuyer gracieusement les choeurs. On vient de se trouver propulsé soudainement sur une petit plage de Californie, il ne reste désormais plus qu'à savourer le soleil. 2.About you reste dans la même veine avant que le refrain résolument plus pop ne démontre toute la capacité rythmique et mélodique de nos saint-lois. Un 3.Revolution qui évoque vaguement Neil Young, un 4. The Arrows qui charme par la justesse de ses choeurs sur une mélodie au piano toute en simplicité et arrive mon titre préféré de l'opus, 5.Ocean, single pop en puissance. Tout le reste de l'album est du même acabit, une pop-folk de qualité qui ne souffre peut-être que de sa relative monotonie. On aurait apprécié davantage de variations car pour moi l'album peine à tenir la distance. Affaire à suivre donc mais le potentiel est réel et Tahiti 80 a peut-être trouvé là des successeurs valables.




Sylphe

mercredi 5 janvier 2011

Clip n°19: Freak Out de Tapes 'n Tapes

     Pour démarrer l'année 2011, je vous propose une vidéo de circonstance. Dans ce clip, un homme et son épouse rentrent tout juste de leur mariage les bras chargés de cadeaux. Le mari décide d'ouvrir l'un d'eux : une cassette vidéo. Il s'installe et la visionne immédiatement. Nous plongeons ensuite directement dans ce film privé retraçant un réveillon de l'année 1995... Son réveillon ?
      Un clip très rythmé en parfait accord avec le titre, notamment grâce à des effets visuels ou des "jeux de télécommande" très bien placés. Un clip sympathique et drôle. Ne manquez surtout pas la chute et encore moins la rechute !!
     Bon visionnage et bonne année à tous !



Emma