samedi 19 mars 2011

As I call you down (2010) de Fistful of Mercy


Avec quelques semaines de retard, je vous propose aujourd'hui cette vraie-fausse nouveauté : le premier album de Fistful of Mercy. Une fois n'est pas coutume, on ne va pas se montrer bien élogieux sur cette galette pourtant fort prometteuse.
Voyez plutôt : Fistful of Mercy est un trio composé de trois personnages au pedigree assez chargé.
Ben Harper, tout d'abord, qu'on ne présente plus. Le bonhomme est à la tête d'une discographie qui me laisse encore et toujours admiratif des oreilles. Oui, je suis archi-inconditionnel du personnage, qu'il s'exprime en solo sur ses premiers albums, ou encore avec les Innocent Criminals, le Relentless 7 ou les Blind Boys of Alabama.
Dhani Harrison ensuite. Fils de George Harrison (ex-Beatles, faut-il le rappeler) dont il est d'ailleurs le sosie, on lui doit d'avoir terminé Brainwashed, album posthume de son père, mais aussi d'avoir entamé une carrière encore courte mais prometteuse. Il a d'ailleurs participé longuement au concert en hommage à son père en 2002, étant alors salué par des poids lourds comme Clapton, McCartney ou Tom Petty.
Joseph Arthur, enfin. Repéré en 1996 par Lou Reed et Peter Gabriel, il prend réellement son envol après 2002 avec son quatrième album Holding the Void. Au fil des enregistrements, Joseph Arthur s'est fait spécialiste de l'oversampling : en samplant une rythmique de guitare jouée live, il bidouille à loisir ses compositions. Chaque titre est ainsi à chaque fois différent, donc toujours unique. 
Début 2010, les trois lascars se réunissent autour d'un nouveau projet musical, Fistful of Mercy. On pouvait donc attendre le meilleur de ce trio : entre le talent guitaristique de Harper, la fraîcheur d'Harrison et la créativité d'Arthur, l'affaire semble bouclée.
Cruelle déception. Il m'a fallu toute la patience et la persévérance du monde pour arriver au bout des 9 titres. Ou plutôt devrait-on parler d'un titre unique : du début à la fin, j'ai cru écouter un morceau interminable, tout juste entrecoupé de Father's son, quatrième compo qui m'a légèrement sorti de la torpeur dans laquelle je sombrais. Un titre émaillé de blues et slide guitare façon rappelant inévitablement When it's good ou Homeless child de Ben Harper : soit du très bon, mais sans surprise puisque déjà entendu.
Le reste de l'album n'est qu'une longue ballade déambulation folk guimauve. Des guitares soporifiques et molles soutiennent trois voix haut perchées sans coeur et sans richesse harmonique. Ici ou là, le trio a été comparé à Crosby Still Nash (& Young). Triste plaisanterie. Fistful of Mercy n'en est qu'une lointaine et pâle copie, fadasse. A aucun moment je n'ai frissonné, tremblé, souri, pleuré. Enfin pleuré, si, presque pleuré : d'avoir consacré 39 minutes à ce terne album, plus 39 autres minutes puisque je me le suis infligé une seconde fois pour honorer cette chronique.
Un titre semble d'ailleurs prémonitoire. A moins que ce ne soit un clin d'oeil très second degré. I don't want to waste your time (en gros, je ne veux pas vous faire perdre votre temps), et bien c'est raté les amis.
Le nom du groupe est lui aussi prémonitoire : Fistful of Mercy, littéralement une poignée de pitié. C'est à grosses brassées que j'envoie ma pitié à moi : arrêtons le supplice. Ben, mon ami Ben, consacre-toi (enfin) à l'album reggae que nous attendons depuis des lustres, mais sans le vautrer, tu seras bien gentil.
En attendant, faites un cadeau à vos oreilles mélomanes : fuyez Fistful of Mercy.






Raf Against The Machine

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