samedi 12 mars 2011

Anna Calvi (2011) de Anna Calvi


Les Inrocks en sont dingues : Anna Calvi est LA rockeuse de diamant du moment. Après avoir explosé sur la scène du festival des Inrocks à l'automne 2010, la jeune anglaise publie son premier album, sobrement titré Anna Calvi.
Avons-nous entre dans les mains et dans nos oreilles un bon album ? Oui, pour diverses raisons que nous explorerons. Avons-nous, à tout hasard, l’album de l’année ? Non, parce que nous ne sommes qu’au mois de mars (quelle mauvaise raison !), et pour diverses raisons également. Décortiquons tout cela les amis.
Les 10 titres du CD ne sont pas mauvais, loin de là : si toute la production musicale se hissait à ce niveau, on ne saurait plus où donner de la tête sur Five-Minutes. Ces morceaux ont même de grosse qualités. Rider to the sea ouvre l’album et pose d’entrée de jeu une ambiance guitare aérienne aux relents flamenco, tout en nervosité retenue. Le ton est donné : Anna Calvi va nous transporter 40 minutes durant dans un climat musical aussi fin qu’élaboré.
Les Inrocks (toujours eux) parlent d’un "fille fantasmée de PJ Harvey et Jeff Buckley". A juste titre, puisque No More Words, Suzanne and I, Blackout ou I'll be your man rappellent sans hésitation notre Polly Jean : voix déterminée et puissante, phrasé caractéristique. A ce propos, petite digression pour en rajouter une couche sur Let England Shake, brillamment chroniqué par maître Sylphe : c'est un album majeur. Sans doute le meilleur de PJ depuis bien des années (lui concoure comme album de l'année)
Mais je m'emporte et je m'éloigne. Anna, donc, fille de PJ et Jeff. Jeff Buckley, dont le fantôme hante First we kiss, The Devil, Morning light. A la fois par une voix hors du temps et des riffs/picks de guitare dignes de Grace, le chef-d'oeuvre de Buckley.
J'ajouterais à tout cela que bon nombre de passages de ces 40 minutes pourraient accompagner un nouvel Inland Empire : à plusieurs reprises en écoutant la galette, je me suis laissé aller à des images lynchiennes torturées ou oniriques.
Harvey, Buckley et Lynch, on fait pire comme références. Saupoudrez le tout de quelques envolées musicales et vocales assez baroques, et vous obtenez le premier album d'Anna Calvi. Donc un très bon album.
Reste que Anna Calvi ne peut, à mon sens, postuler au qualificatif d'excellent album.
Tout d'abord parce qu'il manque un ingrédient déterminant. Lorsqu'on évoque PJ Harvey, Jeff Buckley, David Lynch et autre Patti Smith, on suggère un grain de folie qui n'apparaît pas nettement chez Calvi (en tout cas pas sur ce CD). Après plusieurs écoutes, je n'ai à aucun moment ressenti une montée de folie ou une sensation d'approcher du point de rupture. Et cela manque pour parfaire l'objet.
Ensuite parce que les 10 morceaux ne sont pas tous de qualité égale, et donc pas tous indispensables : après Blackout (le n°7), il reste 3 titres pendant lesquels on a la sensation de tourner en rond en réentendant les premiers. Et ça, sur un album de 10 titres et 40 minutes, c'est un tantinet handicapant.
Enfin, parce que une fois le CD achevé, j'ai cru qu'il avait duré une heure. Erreur : seulement 40 malheureuses minutes étaient passées, me laissant en travers du bide 20 minutes virtuelles. De là à dire que je me suis un peu emmerdé sur la fin...
Anna Calvi n'est donc pas à mon goût l'album exceptionnel annoncé. Pourtant, il y a deux raisons majeures de croire que le meilleur est à venir. 
Premièrement, la demoiselle envoie des prestations scéniques manifestement imparables. Et une artiste qui s'arrache sur les planches est porteuse du meilleur.
Deuxièmement, ce CD tout à fait prometteur n'est que le premier. Il porte en lui un potentiel assez incroyable : si Anna Calvi continue à bosser aussi dur et de façon aussi exigeante qu'elle l'a fait jusqu'à maintenant, ses prochains albums pourraient bien nous dévaster et plomber toute la concurrence.




Raf Against The Machine

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