mardi 21 juin 2011

Oro d'Orka (2011)

      Aujourd'hui direction exotique avec ce petit voyage aux Iles Féroé, patrie que le français chauvin de base connaît juste par sa piètre équipe de football que nous avons battue lors des Eliminatoires pour le Championnat d'Europe 2010. En même temps, ce même français a malheureusement tendance à oublier qu'il n'y a que 50 000 habitants aux Iles Féroé et que donc... enfin bref j'ai honte d'introduire le quintet Orka, mené par Jens Thomsen, par ces indications footballistiques mais j'avoue humblement que je ne connais les Iles Féroé que par son équipe de football. Stop aux mauvaises langues déjà sur le point de me qualifier de français chauvin de base et place à la musique. Avec ce deuxième opus intitulé Oro (je m'excuse à l'avance mais je vais écorcher de nombreux mots car il me manque de nombreuses lettres ou accents- si vous avez un jour écrit un texte sur Sigur Ros vous comprendrez), je fais connaissance avec ce groupe car j'avais totalement laissé passer le premier album Livandi Oyda en 2008.
      La pochette très sombre nous laisse déjà augurer que cet album arrive un peu à contre-courant et ne sera pas l'album de votre été que vous écouterez des heures durant sur votre chaise longue en plein soleil. En effet, le climat de l'opus est volontiers sombre et urbain avec ses sonorités industrielles volées à Amon Tobin. 1.Orogv fait place d'emblée à une voix sombre et inquiétante qui s'épanouit telle une fleur vénéneuse au milieu de sonorités indus, une voix à fort pouvoir incantatoire, comme si Fever Ray avait changé de sexe... Une ouverture superbe qui plonge immédiatement dans cet univers intemporel. 2.Betri Tidir et ses boucles entêtantes frappe encore plus fort dans la foulée. Les choeurs font monter la tension avant que la voix du chanteur apparaisse et contraste par ses sonorités plus pop, surtout dans le refrain avec cette capacité surprenante à monter dans les aigus. 3.Hungur et la palette de ses sonorités industrielles se montre plus abrupt avec ses ruptures de rythme perpétuelles qui rendent ce morceau inclassable. Mais que dire du bijou 4.Aldan Reyd qui contraste littéralement avec 3. Hungur?  Morceau très doux porté par les cordes et un chant envoûtant qui évoque l'évanescence de Sigur Ros. Un moment aux frontières du rêve et de la magie.
      Il faut croire que Orka aime destabiliser car 5.Fylgid nous replonge dans un univers anxiogène après l'éclairicie Aldan Reyd. Des sonorités dignes de Bricolage d'Amon Tobin et des choeurs spectraux qui déclenchent des frissons incontrôlables dans l'échine... Et nouvelle volte-face avec la douceur presque folk de 6.Hon Leitar. Univers dépouillé avec une simple guitare en guise d'accompagnement pour la voix si expressive. Un 7.Tad Vakrasta plus tribal qui met à l'honneur les drums, un 8.Rumdardrongurin au rythme martial, un 9. Moldblak aussi sombre que la nuit polaire la plus épaisse avec un chant sorti des profondeurs immémoriales et enfin un 10.Kapersber qui referme parfaitement la boucle, tant le chant se montre aussi incantatoire que sur 1.Orgov.
      En 10 titres finement ciselés Orka vient d'envoyer une équipe de football aux oubliettes, désormais lorsque l'on me parlera des Iles Féroé je tremblerai et verrai des plaines balayées par un vent glacial lors d'une nuit où la lune inonde l'ensemble de sa lumière tout aussi spectrale que sublime.
 
Morceaux préférés: 4.Aldan Reyd
                              2. Betri Tidir
                              1. Orogv
                              6.Hon Leitar

 





Note 8 / 10

Sylphe

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire