jeudi 26 mai 2011

Papas Fritas - Maroquinerie

          Soirée nostalgie en ce mercredi (le sentiment diffus de quand tu deviens vieux, pas la radio) : je m'apprête à retrouver les Papas Fritas sur scène, que j'avais vus pour la dernière fois il y a une grosse dizaine d'années. Papas Fritas, quand on sait que c'est une petite blague cocasse sur la phrase "Pop has freed us", tout est dit. Trois albums entre 1995 et 2000, peut-être pas essentiels à toutes les discothèques, mais qui s'écoutent toujours avec autant de plaisir quand on a besoin d'un petit coup de pied au cul. Et puis après "Buildings and Grounds", petit bonheur pop facile, plus rien. Et c'était triste. Snif. De tristesse, pas de cocaïne, hein.

LES CHEVEUX. POURQUOI. On se moque souvent des années 80, capillairement parlant, mais quid de la première moitié des années 90 ?

Eh bien j'aime toujours aussi bien ce clip. Bonne nouvelle.

          Mais la charrue avant les bœufs, ne mettons pas, car la soirée est riche. Voici d'abord Idiot Glee qui s'avance sur la ligne de départ, casaque... bah, bleu marine, quoi. Originaire du Kentucky, paraît-il, il est seul sur scène, avec une bonne tête d'étudiant en informatique à lunettes. Sa musique électronique entièrement bricolée à la main est plutôt sympathique. C'est aussi ça, la magie de la machine à boucles (à ne pas confondre avec le fer à friser, bien sûr) : on peut jouer tout seul et avoir l'air d'être douze sur scène. Pan dans ta face, Ratatat ! Oui, j'ai la rancune tenace, surtout quand je paie ma place plus de 30 euros pour voir deux types jouer de la guitare et du tambourin par-dessus une bande préenregistrée. Fin de la digression ! La voix du monsieur est intéressante, étrangement profonde à voir son allure, ses chansons m'ont par moment rappelé le tout premier album des Rentals (c'est un compliment), mais il m'a un peu perdue en recourant quasi systématiquement à de longues plages de vocalises et d'harmonies. Oui, des harmonies tout seul : voir plus haut, la machine à faire des bouclettes ! C'est magique, je vous dis. Point positif : l'un de ses EP s'appelle "I did it sober", et ça, c'est rigolo. J'ai malgré tout trouvé ça rafraîchissant, et j'invite qui veut à jeter une oreille à son myspace ou son bandcamp.

          Arrive ensuite le drame social de la soirée ; en effet, jusqu'à il y a peu, la deuxième première partie (vous me suivez ?) devait être assurée par Screaming Females, un groupe inconnu à mon bataillon, mais qui s'est vu remplacé à la dernière minute par Hundreds (des allemands de Hamburg). Tandis que je patientais gentiment devant la porte, plusieurs personnes sont ainsi venues tenter de se faire rembourser pour tromperie sur la marchandise, parce qu'ils avaient acheté leur place expressément pour ces Screaming Females... Alors, que valaient ces Hundreds et les déçus ont-ils bien fait de récupérer leur argent ? Eh bien disons que quand la description de ta tenue de scène inclut les mots "k-way poncho bouffant à capuche" et "grenouillère asymétrique", déjà, ta musique a intérêt à suivre... N'est pas Allison Goldfrapp qui veut. Et là, manque de pot, ça ne suit qu'à moitié : un homme au clavier et aux machines, accompagnant une chanteuse aux goûts vestimentaires dérangeants, pour une musique électronique, encore, mais un peu trop lisse à mon goût. C'est un peu comme ces albums à la une de Deezer, qu'on comprend jamais très bien pourquoi : "Découvrez les Flying Turnips en avant-première !" Je vais te dire ouais, gars. Attention, je ne leur nie pas quelques qualités et un enthousiasme certain ; la voix est parfaitement placée et ses intonations rappellent un peu par moment Inara George, de The Bird & The Bee, la musique est précise, calée... propre. Mais chaque chanson a l'air de durer une demi-éternité, et je me suis surprise assez régulièrement à regarder l'heure. Et aussi à faire un gros "plop" tonitruant avec une bulle de chewing-gum, parce que j'ai la classe, c'est comme ça je n'y peux rien. Enfin, j'ai quand même apprécié quelques bonnes idées, donc je n'exclus pas d'écouter une version studio de leur musique, histoire de pas mourir bête.

Ah oui, ça me fait exactement le même effet la deuxième fois. Vais me faire un café, tiens.

          Et puis bon, toute façon on s'en fout, moi j'avais payé pour voir Papas Fritas. Mais commençons par une anecdote inintéressante au possible : pendant que j'attendais, toujours devant la porte, une gigantesque dame causait en américain dans son téléphone à côté de moi tout en fumant une cigarette ; figurez-vous pas que c'était le nouveau clavier du groupe. C'est fou, je sais, je n'en reviens pas moi-même. C'est un peu comme toucher les étoiles. Toujours est-il que le groupe monte sur scène, et que... les cheveux sont toujours là. Je me demande bien comment j'ai pu oublier que le guitariste et moi-même partagions une seule et même nature de cheveux, improbable au demeurant ; j'imagine que c'est un souci pour lui autant que pour moi. Je n'avais avant de venir qu'une seule question en tête : comment ça fait, un groupe qui n'a pas joué ensemble depuis un paquet d'années ? Eh bien c'est avec une joie à peine dissimulée que je peux vous donner la réponse qui suit : ça fait pas mal, merci, et vous-même ? L'énergie est intacte, la musique est toujours aussi empreinte de bonne humeur, les membres du groupe ont sincèrement l'air de passer un bon moment ensemble, et rien dans leur prestation ne vous fera dire en rentrant "c'est comme tout le monde, faut bien qu'ils paient leurs impôts" (quelqu'un reprendra un peu de Pixies, ou je peux débarrasser ?). Je vous citerais bien des titres précis, mais il se trouve qu'ils ont quasiment tout joué. J'ai compté en moyenne moins de 2 secondes entre chaque morceau, histoire d'en caser le plus possible dans l'heure et demie passée sur scène. Un peu comme quand vous allez chez le traiteur chinois et qu'il tasse du riz cantonais à mort dans sa petite barquette avant de la fermer de force avec la machine à faire du vide. J'ai plus particulièrement apprécié le petit enchaînement "Far from an Answer"/"Vertical Lives"/"Way You Walk". Non seulement ce sont quelques-uns de mes titres préférés de leur répertoire, mais en plus ils permettent à tous les membres du groupe de passer au micro pour chanter chacun leur tour... Oui, même la dame à la batterie. Et moi je dis, réussir à jouer de la batterie en même temps que des maracas tout en s'occupant de la voix principale, je m'incline.

Oui, bon, pour les maracas, faudra me croire sur parole vu que personne n'a cru bon de poster des vidéos sur YouTube. Les bonnes habitudes se perdent.

Suzy C.

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