samedi 17 septembre 2011

11:11 (2009) de Rodrigo y Gabriela



Petit retour en arrière de deux années pour combler nos oreilles. Alors que Rodrigo y Gabriela publient un Live in France étonnant et détonnant, l’envie m’a prise de plonger dans les galettes précédentes et de découvrir le duo. En commençant par le dernier CD studio en date, 11:11.

Un mot tout d’abord sur ce titre intriguant. Faut-il y voir une indication d’heure d’écoute ? Certainement pas. Rodrigo y Gabriela, c’est comme le Bâton de Berger, il n’y a pas d’heure pour... Enfin bref. Peut-être alors un clin d’oeil aux 11 titres du CD, écoutés dans une sorte de miroir qui serait une métaphore du duo ? Ou encore une référence à Desproges qui confessait que 11:11 était son heure préférée tant elle respire l’ordre et la perfection ?

Tout ceci n’est en fait que pure spéculation et simple délire, l’essentiel est bien ailleurs. Rodrigo y Gabriela condensent dans 11:11 tout ce qui fait leur musique. Initialement issus de la scène heavy metal mexicaine (oui oui, un petit effort d’imagination), ces deux là ont changé de secteur en 2001. Armés chacun d’une guitare acoustique, ils mettent au point une musique latino et flamenco dans laquelle ils injectent leurs influences rock, folk, jazz et métal.

Présenté comme ça, ça vous inquiète ? Entamons l’écoute. Oui, je suis d’accord, ça calme tout de suite. Dès Hanuman, toutes les influences affichées sont présentes. De prime écoute très flamenco, la musique de Rodrigo y Gabriela révèle ensuite ses subtilités : jazz dans la construction thème/chorus, folk dans les sonorités. Un deuxième titre, Buster Voodoo, et l’on est déjà achevé : entre rythmiques rock (dont un petit emprunt/hommage au Voodoo Chile d’Hendrix), mélodies flamenco et percussions folk, le duo fait le grand écart façon pieuvre. En synthétisant avec intelligence de multiples sources, les deux gratteux évitent un écartèlement XXL qui serait ridicule.

Oui, il n’y a bien que deux musiciens. Oui, il n’y a bien que deux guitares. Rodrigo se charge essentiellement de la ligne mélodique avec une fluidité de jeu impossible. Un toucher et une musicalité réservés aux plus grands. Quant à Gabriela, c’est peut-être elle qui m’impressionne encore plus : chargée de la partie rythmique, la dame déploie un jeu incroyable, qui ne s’arrête que pour laisser place à Gabriela percussionniste. Percussionniste, une façon de parler puisqu’elle joue tout sur sa guitare : caisse, cordes, manche, tout est bon pour faire de la musique. Les intros de Master Maqui ou Hora Zero sont des modèles du genre.
Les deux s’imbriquent, se complètent, se soutiennent, se répondent, fusionnent. L’un est le double de l’autre, et réciproquement. Une musique en miroir (tiens, tiens...) où chacun a sa place mais où aucun des deux ne pourrait exister seul.

C’est bien simple, je ne suis toujours pas remis du choc, je ne sais pas si je m’en remettrai un jour. Tout amateur de bonne musique me comprendra. Tout guitariste, quelque soit son niveau, mesurera les années de travail nécessaires pour atteindre un tel niveau. Rodrigo y Gabriela lient tout à la fois technique, musicalité et émotions en tout genre pour nous mettre à genoux. C’est de la musique. Tout simplement, de la musique dans sa plus belle expression.

Message perso : Ben Harper, si tu as un moment, écoute Rodrigo y Gabriela.

Raf Against The Machine

Et puisque c’est si bon, deux vidéos : vamos, et maintenant, pleurez avec moi ;-)



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