dimanche 24 juillet 2011

Eye Contact de Gang Gang Dance (2011)

      Il aura fallu que j'attende le cinquième album Eye Contact pour que mes oreilles se posent sur un album de Gang Gang Dance et bien m'en a pris (ou mal m'en a pris de ne pas avoir écouté les quatre précédents dont le dernier Saint Dymphna en 2008 sur le label WARP). Le quatuor est originaire de New-York, composé de Brian Degraw, Josh Diamond, du nouveau batteur Jesse Lee et de la superbe voix Liz Bougatsos et cette jolie troupe de Brooklyn a signé cet opus sur le label 4AD. Voilà pour les dispensables informations biographiques que les néophytes de Gang Gang Dance comme moi peuvent cependant apprécier sans se plaindre que le rédacteur de cette chronique perd quelque peu son temps. Et le son me direz-vous? Alors pour obtenir un bon Eye Contact il faut une belle multitude d'ingrédients: des synthés planants et de la réverb à foison, des percus tribales, des influences world (du Moyen-Orient à l'Inde de Bollywood), de l'électro à la The Knife, une voix sublime qui confère une atmosphère plus pop à l'ensemble et quelques collaborations bien senties ( Alexis Taylor sur 7.Romance Layers). Secouez bien l'ensemble, assaisonnez avec quelques herbes prohibées par la loi (dois-je préciser que je n'en suis pas adepte et que cette remarque n'est en rien une incitation à la consommation?) pour pleinement savourer le délire électro-tribal à la Animal Collective et il ne reste plus qu'à savourer.

        1.Glass Jar commence sur quelques mots prémonitoires " I can hear everything. It's everything time." et démarre tout en douceur, porté par les synthés. Les drums viendront jouer leur rôle, au bout de six minutes la voix de Liz entrera en scène et donnera une valeur plus pop, voire rock par la rythmique, à l'ensemble. Cette odyssée sonore de 11 minutes qui m'évoque du Of Montreal moins farfelu, révèle tout le potentiel sonore de Gang Gang Dance et s'impose d'emblée comme une véritable leçon de transcendance. L'intermède d'une minute 2. ∞ aide à se remettre de ce long périple, porté par le chant incantatoire d'un pope orthodoxe. 3. Adult Goth prolonge le degré d'excellence, les claviers mettent parfaitement en valeur la voix de Liz qui par sa belle capacité à monter dans les aigus dans les refrains donne une véritable teneur pop au morceau. 4.Chinese High, porté par la ligne de basse de Tim Koh ( Ariel Pink's Haunted Graffiti), joue davantage la carte de l'électro-tribale et l'on se retrouve plongé sur les boulevards de Bollywood, tout en écoutant du Yeasayer.

      Arrive alors un autre véritable sommet de l'album avec le superbe 5.Mindkilla qui sonne comme du Crystal Castles en mode tribal ou du MIA en version pop/dance. Voix pop, mélange des rythmiques, prédominance des drums, un morceau foisonnant à souhait. Deuxième intermède avec 6. ∞ ∞ avant 7. Romance Layers où Alexis Taylor d'Hot Chip vient prêter sa voix. Morceau de pop 80's assez anachronique où j'ai la perpétuelle impression d'entendre du Georges Michael, morceau qui a le mérite de ralentir la fréquence cardiaque et d'instaurer une oasis de douceur groovy. Un 8.Sacer tout en drums et douceur, un nouvel intermède 9. ∞ ∞ ∞ et 10.Thru Thru vient clore en beauté ce bien bel album et prouver que Liz Bougatsos a autant d'Emilie Simon que de Karin Dreijer Andersson dans la voix. Voilà en tout cas une bien belle découverte pour moi et je ne serais pas étonné de vous reparler de cet opus dans les tops de fin d'année, rien que ça...



Morceaux préférés: 1.Glass Jar
                              5.Mindkilla 
                             10.Thru and Thru
                             3. Adult Goth







Note   8 . 5 / 10

Sylphe

mardi 19 juillet 2011

Mirrorwritting de Jamie Woon (2011)

     En ce mois de juillet qui ressemble fortement aux vacances automnales de la Toussaint il me prend des envies irrépressibles de m'allumer un bon feu en narguant cette pluie perpétuelle que j'évite en restant tranquillement au chaud chez moi. Le seul problème c'est que je n'ai pas de cheminée et ça on a beau le tourner dans tous les sens ça reste quand même fort préjudiciable pour mon rêve... Du coup j'ai trouvé la parade dernièrement en m'écoutant un album de soul/dubstep Mirrorwritting hanté par la voix ô combien chaude et rassurante de Jamie Woon. Le garçon est londonien, peut faire penser à une version plus soul de James Blake et s'est fait précédemment connaître pour Wayfaring Stranger en 2007 dont Burial avait fait un superbe remix. Arrive donc 4 ans plus tard ce premier opus tant attendu dont je vais tenter d'esquisser un bref aperçu pour titiller vos papilles auditives.

     L'album part très fort avec l'excellent 1.Night Air qui par son univers électro/dubstep sonne comme du James Blake. Cependant, il faut y rajouter la touche soul qui suinte par tous les pores à travers la superbe voix de Jamie Woon. Ce titre à mon sens résume parfaitement la teneur de Mirrorwritting qui oscille perpétuellement entre univers instrumental électro/dubstep et une voix soul/R'n'b. L'alliance est juste sublime et s'affirme comme la clé du succès de cet opus. 2.Street continue dans la même veine même si la voix se montre plus omniprésente pour un titre résolument soul, malgré la douceur des sonorités électroniques en fond. 3.Lady Luck joue quant à lui pleinement la carte R'n'b et Jamie Woon sonne comme du Craig David de la grande époque (et ouais sur Five-Minutes on cite même du Craig David! Amazing!). Un morceau taillé pour le grand public, morceau de qualité qui ne reflète cependant pas vraiment l'atmosphère de l'album, plus en nuances et contrastes. Un 4.Shoulda plus dubstep amène en douceur l'excellent 5.Middle qui brille par sa rythmique plus funk qui en fait un de mes titres préférés de l'opus. Un 6.Spirits plus intemporel avec ses choeurs en fond et la prédominance des drums en fond, un 7.Echoes qui ne fait pas forcément longtemps écho en moi, un 8.Spiral qui porte bien son nom avec sa structure spiralaire et arrive l'excellent 9.TMRW qui se montre plus percutant. Un 10. Secondbreath en guise d'intermède (47 secondes), un 11.Gravity empreint de douceur et un 12.Waterfront qui referme sobrement cet halo de chaleur soul, voilà Jamie Woon vient en toute simplicité de nous donner une bien belle leçon de soul dubstep. Autrement moins cérébral et plus sensuel que son comparse James Blake.



Titres préférés: 1.Night Air
                       5.Middle
                       9.TMRW
                       3.Lady Luck








Note 8 / 10

Sylphe

mercredi 13 juillet 2011

Living on the edge of time de Yuksek (2011)

     Des nouvelles de Reims et de sa pléthore d'artistes avec Pierre-Alexandre Busson alias Yuksek ( qui signifie haut en turc pour nos amis étymologistes) qui sort son deuxième opus intitulé Living on the edge of time après Away from the sea en 2009 et une quantité affolante de remixes. Vous avez forcément, peut-être sans le savoir, écouté des titres de l'opus précédent comme Tonight, Extraball (feat. Amanda Blank) ou encore So far away from the sea avec les amis de The Bewitched Hands. Un album électro de qualité que l'on sentait déjà fortement attiré par la force d'attraction de la pop. Avec Living on the edge of time, le virage pop est très clairement pris et on se retrouve face à une électro-pop très fraiche s'appuyant sur des mélodies imparables. Le plaisir instantané, s'il va permettre à Yuksek de toucher un plus large public, a cependant son revers de la médaille avec cette impression de se trouver face à un album trop lisse qui manque de diversité. Revue d'effectifs...

     1.Always on the run tape fort d'entrée avec ses claviers omniprésents et ses rythmiques qui m'évoquent du Justice ayant pris en intraveineuse une bonne dose de pop (DANCE?). Le premier constat c'est que Yuksek a bien progressé au chant et se montre globalement convaincant tout au long de l'album. 2.White Keys s'offre dans la foulée un son électronique plus saturé et recherché mais qui ne s'avère finalement qu'un artifice pour mettre en valeur les choeurs enfantins. 3.Off the wall s'impose par la suite comme le titre pop de l'album, celui qui sent bon le sable chaud et la crême solaire. Le genre de titre que l'on vous passe et où le "Tabernacle!" (on partira tous du principe que le lecteur a du sang québécois en lui) explose lorsque l'on vous assure avec aplomb que c'est bien Yuksek qui a commis ce superbe attentat. 4.On a train continue dans la catégorie " Et ouais moi je sais pondre du refrain électro-pop de qualité", la rythmique électro-pop est aussi simple qu'addictive.

      Un 5. Say a word plus électro, un 6. To see you smile qui sait rendre l'atmosphère plus paisible amènent avec douceur un des autres titres-phare de l'album 7.The Edge, petite épopée électro-pop à la construction plus recherchée. 8.Fireworks réveille les talents de remixeur de Yuksek, l'univers est plus sombre et plus électro et rappelle les atmosphères de Justice ou encore Birdy Nam Nam. Sans conteste le titre le plus électro de l'opus. Un 9.Miracle avec peu de réverb et une structure ardue à souhait, un 10. You should talk électro (après Say a word le message semble bien passé) sans surprise malgré sa rythmique uptempo et un 11.Dead or alive sans grand relief confirment que la sensation de monotonie finit peu à peu par prendre le dessus.

En définitive je ne reprocherai pas du tout à Yuksek d'avoir réalisé un album électro-pop car il a un talent certain pour les mélodies, je reprocherai juste à cet opus un relatif manque de diversité et d'originalité.



Morceaux préférés: 1.Always on the run
                               7.The Edge
                               3.Off the wall
                               8.Fireworks







Note 7 . 5 / 10

Sylphe

samedi 9 juillet 2011

I love you dude de Digitalism (2011)

       Aujourd'hui on va prendre des nouvelles de Digitalism, duo originaire de Hambourg composé de Jens Moelle et Ismail Tuefekci, qui s'était fait connaître en 2007 avec son très bon premier opus Idealism. Après un album de remixes Hands on idealism voici donc leur véritable deuxième opus au titre on ne peut plus cool I love you dude. J'aime chroniquer ce genre d'album car il est très facile à appréhender, le plaisir d'écoute est quasi instantané. De plus, même si la tentation pop est pleinement assumée, on retrouve les recettes habituelles de nos allemands entre mélodies imparables et instrumentation électro imposante.

       1.Stratosphere et sa rythmique percutante met d'emblée l'accent sur une électro french touch digne des Daft Punk, époque Discovery. Le son s'insinue insidieusement en nous et nous prépare pour la bombe électro-pop 2.2 Hearts, superbe titre où on se laisse pleinement embarquer tant le sens de la mélodie est pointu et la voix convaincante. A n'en pas douter Digitalism a compris que cette année 2011 serait pop ou ne serait pas, phénomène qu'on abordera aussi prochainement avec le nouveau Yuksek. 3.Circles prolonge cette terre de constrastes entre l'aspect pop de la voix et une instrumentation qui se veut plus lourde, mais force est de constater que les deux se marient pleinement. Arrive un autre moment fort de l'album avec la démonstration électro de 4.Blitz où les Allemands confirment bien qu'ils sont toujours les rois des machines. Un morceau taillé pour les dance-floors qui devrait faire fumer des milliers de semelles de tongs cet été.

     5.Forrest Gump devrait lui aussi vraisemblablement vous faire courir, grâce entre autres à la voix de Julian Casablancas qui confirme que Digitalism sait se montrer à l'aise avec l'influence pop/rock. A noter une rythmique digne du premier opus de CSS. 6.Reeperbahn surprend dans la foulée avec un son plus âpre qui évoque pour moi Prodigy ou la BO de Matrix. Entre voix robotisée et son saturé Digitalism montre qu'il ne renie pas ses influences premières. 7.Antibiotics reste dans une veine électro habituelle avant le très bon 8.Just Gazin', hymne à peine déguisé à Air. Douceur de l'instrumentation et de la voix pour créer une véritable oasis sonore, que l'on a peur de prendre pour un mirage. 9.Miami Showdown s'impose ensuite comme le meilleur titre électro de l'opus avec 4.Blitz. avec sa rythmique martiale. 10. Encore finit l'album sans grande surprise et les possesseurs de l'album pourront savourer ensuite deux titres bonus dont l'excellent 11.Silenz, autrement plus convaincant que le dispensable 12.Blade.

      Même si la prise de risque de Digitalism reste très mesurée, on ne peut que savourer ces nouvelles influences pop et ce I love you dude sera très sûrement un des principaux sons de l'été.



Morceaux préférés: 2. 2Hearts


                              4. Blitz


                              9.Miami Showdown


                              8.Just Gazin' 





Note 8 / 10

Sylphe

mardi 5 juillet 2011

Gloss Drop de Battles (2011)

   Après l'excellent Mirrored sorti en 2007, les américains labélisés Warp de Battles reviennent avec leur deuxième opus à la pochette alléchante Gloss Drop. Toujours John Stanier (-ex Helmet) à la batterie, Ian Williams (ex Don Caballero) à la guitare, Dave Konopka à la basse mais finie la tête pensante du groupe Tyondai Braxton qui est parti avec sa guitare et sa voix pour de nouvelles aventures en solo. Je ne m'aventurerai pas comme bon nombre de bloggeurs à dire que sans Braxton le groupe avait peu de chances de se relever car je ne suis pas dans les petits papiers de Battles et n'assiste jamais à leur processus de création.... La seule chose que je pouvais constater c'est que les new-yorkais avaient perdu leur voix, fait qu'ils ont essayé de contrecarrer dans cet opus en faisant la part belle à quelques featurings prestigieux ( Matias Aguayo, Gary Numan, Kazu Makino, Yamantaka Eye) dont on reparlera par la suite. Les premières écoutes de Gloss Drop sont plutôt paradoxales, oscillant entre plaisir de se retrouver en terrain connu avec ce math-rock ciselé et brillant toujours autant par sa haute technicité, et tâtonnements face à cette inspiration post-rock qui irait presque faire les yeux doux à la pop et à la dance. En bref un album se voulant très clairement plus hédoniste et plus facile à appréhender.  Petit survol, on se prépare pour cette fête d'anniversaire où l'on va s'enchaîner sans arrière-pensée une bonne dose de sucreries...
        1.Africastle (palme du titre mot-valise de l'année) commence en douceur avec quelques accords posés en toute simplicité sur un fond sonore mystérieux puis au bout de deux minutes le bonbon est croqué et l'explosion de saveurs en bouche est inarrêtable. La batterie et les guitares prennent le pouvoir, les claviers tentent d'entamer le dialogue, les couches musicales se superposent, les instruments entrent en communion et on assiste sidéré à ce goût en bouche, aussi doux qu'âcre. Un pur morceau de math-rock qui aurait rêvé de jouer du Vampire Weekend ayant copulé avec Animal Collective.
Dans la foulée, 2.Ice Cream nous assène une belle claque pop avec la folie caribéenne de Matias Aguayo. Un vrai délire, un accouplement incompréhensible entre pop et math-rock pour un titre inclassable, comme si l'esprit incontrôlable venait de s'enfiler une triple rangée de fraises tagada arrosées de champomy (vous savez la vieille pub avec le "donnez nous le chien"- pardon ce flash est aussi incontrôlable....). Essoufflé par cette crise de gourmandise, impossible de se poser avec le sublime 3.Futura qui symbolise parfaitement ce souci de superposer les couches musicales. Une guitare démarre puis viennent tour à tour se rajouter la batterie, les basses, le clavier puis une seconde guitare. Une rigueur mathématique pour un procédé qui met parfaitement en valeur la montée irrémédiable du morceau. Le taux de glucose est en train de dangereusement s'élever, les morceaux entre 4 et 6 minutes s'enchaînent... 4.Inchworm c'est la petite série de nounours, toujours aussi bons sans être les meilleurs. 5.Wall Street et sa rythmique aussi légère qu'ultra-rapide c'est la fontaine de réglisses qui nous inonde. La fête anniversaire semble partir en sucette (jeu de mot copyright carambar and co), l'excès de sucre a fait perdre toute raison aux jeunes convives.
     Le contre-coup arrive inlassablement, il est déjà 22h30 et les paupières frissonnent. Le rythme cardiaque baisse, un dernier sursaut d'esprit invite à s'éloigner de la table à friandises pour danser sur la piste éclairée par les spots tamisés. 6. My Machines permet de savourer un bon moment de post-rock avec la voix de Gary Numan, le math-rock est ausi loin que les bonbons. 7.Dominican fade, petit intermède percus digne de Matias Aguayo, offre le plaisir de montrer à tous qu'on maîtrise la chorégraphie ô combien difficile du dernier tube de l'été. Puis le boutonneux à lunettes craque aux platines en coupant ce tube pour un truc pop-rock qui fait un peu tâche, Kazu Makino de Blonde Redhead a beau y mettre du sien 8.Sweetie & shag serait bon mais pas en plein milieu de cette fête d'anniversaire. Puis arrive le moment détesté, celui où l'heureux élu sort son cadeau, un vieux clavier et tente un morceau improvisé ( 9.Toddler)... Ouf ça ne dépasse pas la minute 30 même si ça a semblé une éternité! Enfin le tube électro sur la piste avec le délire bricolo 10.Rolls Bayce. On se défoule en percevant dans les coins obscurs les premiers couples qui s'embrassent en évitant le carambolage d'appareils dentaires et les petits frères endormis sur les chaises. Mais une vraie fête d'anniversaire finit forcément par un raid meurtrier sur la table à bonbons, une bonne manière d'oublier que la sublime Jennifer a craqué pour le péroxydé Kévin et que la solution de rechange, la brave Cindy, ose parler au blaireau des platines... On s'empiffre avec la débauche de bananes de 11.White Electric avant de littéralement dépasser les bornes avec l'expérimental et assez inaudible 12.Sundome (feat Yamantaka Eye). La lumière s'allume, il ne reste plus qu'à ranger et repartir avec des étoiles dans les yeux et un bon mal au foie.
      Gloss Drop se consomme avec plaisir mais son écoute trop répétitive peut cependant quelques fois déclencher quelques légères aigreurs d'estomac.
 
Morceaux préférés:  1.Africastle
                                2. Ice Cream
                                3.Futura
                                5.Wall Street

 





Note 7 . 5 / 10

Sylphe